Nos chemins se sont croisés et nous avons partagé une amitié éphémère mais sincère. Tu m’as offert des opportunités et je crois que tu envisageais pour moi un rôle plus important encore. Cependant, ton retour était semé d’embûches, malgré la loyauté indéfectible de ton entourage. Les ressources et les informations cruciales qui jadis guidaient tes pas n’étaient plus opportunes.
Tu étais un rassembleur né, doté d’un talent inné pour la construction et l’inclusion. Ta vision avant-gardiste t’a permis de saisir les opportunités de ton époque, comprenant que l’audace serait récompensée et que les conflits ne menaient qu’à la ruine collective. Pour cela, nombreux sont ceux qui te vouent un profond respect.
Toutefois, il existe une ligne morale que, en tant que leader, tu te devais parfois de transgresser. L’acte ultime, enlever la vie à un autre être humain, considéré comme “nécessaire” dans certains milieux, reste ce qui condamne inévitablement ceux qui se croient au-dessus des lois.
Jamais je n’ai perçu chez toi un sentiment de supériorité. Tu suivais ton instinct et tes obligations, t’efforçant de rester le plus intègre possible dans un monde qui ne l’était pas. Pour ta famille et ton entourage, tu incarnais cette intégrité, même si certaines limites n’étaient pas des obstacles pour toi.
Ton arrestation en 1992, couplée à la folie d’un rival ambitieux, a plongé le Québec dans une guerre sans précédent. Peu le savent, mais je suis convaincu que tu aurais pu l’éviter et que tu as œuvré pour rétablir l’ordre à ton retour en 2000.
Malgré tes absences, ton amour et ton soutien pour ta famille ont toujours été indéfectibles. Ta présence, bien que parfois physiquement limitée, a dû marquer profondément tes enfants.
Pour ceux qui t’ont connu, au-delà de la gravité de tes actes, tu laisses le souvenir d’un homme bon et plus grand que nature. Avec ton charisme et ta force de caractère, tu aurais pu devenir un entrepreneur exemplaire, inspirant des générations entières.
Que ton voyage final t’apporte la sérénité. Adieu, Raymond.